La gestion intégrée de la Baie de Caraquet:
succès du processus et résultats Contexte général
L’utilisation de la baie de Caraquet pour des usages multiples
remonte à plus de 150 ans. Déjà en 1757 on
parlait de la culture des huîtres, tradition empruntée
des habitants provenant de la France. De plus, Moses Perley (1952) écrivait
non seulement à propos de la renommée de l’huître « La
Caraquette » mais aussi de l’abondance du saumon
de l’atlantique,
de la truite, du bar et de l’anguille pour ne nommer que
ceux-là.
L’huître a fait couler beaucoup d’encre, car
c’est
l’endroit la plus au nord de la côte Atlantique que
l’on
peut cultiver l’huître. D’où l’importance
de la température de l’eau de cette baie, protégée
des eaux du Golfe du Saint Laurent par une flèche dunaire
et une Île.
Dans les années 1871, le port de Caraquet à servi à l’exportation
du bois vers l’Angleterre. Par après cette baie s’est
fait connaître tant pour la qualité de ses invertébrés
(homard) que pour l’abondance du hareng, de l’éperlan
et du maquereau. Donc, il s’agissait d’un écosystème très
productif et couru tant par les pêcheurs sportifs que commerciaux
jusqu’au début des années 1960. Avec l’introduction
des techniques de pêches aux chaluts ainsi que l’intervention
de senneurs efficaces les captures diminuent. Également dans
cette période, les huîtres sont au prise avec une sérieuse
maladie qu’on réussit toutefois à maîtriser.
Mais la construction de chalets se fait de plus en plus dense. De
plus, les coupes de bois s’intensifient et la culture des petits
fruits prend de plus en plus de place. La période des années 1960 à 1990 fut très
néfaste pour l’exploitation des ressources naturelles
et la destruction des habitats et la baie de Caraquet n’y échappe
pas. Par exemple la récolte d’huîtres est passée
de 718t. en 1975 à 43t. en 1998 soit environ 17 fois moins. 1. Intervention : de l’huître au bassin versant de
la baie de Caraquet Toutefois, en 1991 pendant la compagne électorale au Nouveau-Brunswick,
le Premier Minsistre d’alors Franck McKenna, est blâmé pour
le laisser-faire dans la contamination de la baie de Caraquet. Les
populations résidentes du bassin versant au nombre de 15,000
sont au prise avec une pollution massive. Plus de 75% des bancs publics
de la baie de Caraquet sont soumis à des fermetures temporaires
successives causées par la présence de coliforme et
la présence de coliforme rend la consommation des mollusques
dangereuse. De 1991 à 1993 un comité interministériel
est formé et un Comité de développement durable
de la baie de Caraquet composé de 26 groupes avec la participation
de fonctionnaires locaux et régionaux ainsi que d’entreprises
est mis en place. Le Comité obtient des subventions du fonds
de fiducie de l’environnement du Nouveau-Brunswick. Grâce à des
interventions et à des projets spéciaux coordonnées
par un ancien maire d’une communauté du bassin versant
durant la période de 1993-96 on réussi à convaincre
les quatre municipalités du bassin versant, les propriétaires
de chalets, les usines de transformation du poisson ainsi que les
entreprises de transformation de mousse de sphaigne de modifier de
pratique de gestion des eaux usées et des boues. Des sessions d’information dans les écoles, l’intervention
des aînés sur les multiples usages et l’héritage
de la baie ont contribué à élargir la sensibilisation
et à lui donner une dimension inclusive. Pendant cette période
de mobilisation des ressources humaines, le territoire des bancs
publics contaminés est passé de 75% à 25% et
ce fut considéré un réel succès. Les
habiletés ainsi que l’expérience du coordonnateur
du projet ont beaucoup facilité la tâche. (Chouinard
et Vanderlinden, 1997). Alors que le focus de 1991 à 1996 fut placé sur la
dépollution des sources de contamination autour de la baie
de Caraquet. On s’est vite rendu compte que les pratiques agricoles
et forestières en amont des trois rivières et des douze
ruisseaux du bassin versant devenaient des sources importantes de
sédimentation tant de la baie que des habitats du bassins
versant. En 1997 et 1998 on transforme le Comité de développement
en un comité de gestion intégrée du bassin versant
de la baie de Caraquet. Ce nouveau comité obtient des fonds
pour que l’équipe de l’Université de Moncton
travaille dans une perspective de gestion intégrée
des ressources du bassin versant. Le groupe de bassin versant a alors
recruté à la fois des producteurs de petits fruits
ainsi que des producteurs de lots boisés. 2. Vers une gestion intégrée : de l’étude à l’action Les moyens en vue d’une gestion intégrée des
ressources et l’implication des divers groupes du territoire
du bassin versant de la baie de Caraquet ont donné un second
souffle aux intervenants et ont une véritable impulsion pendant
l’enquête et la rédaction du guide pour la gestion
intégrée à l’usage des divers groupes
participant. En plus de mettre en évidence la fragilité des ressources
halieutiques les chercheurs conjointement avec le groupe de gestion
intégrée ont mis l’accent sur l’importance
des coupes forestières responsables; d’une culture de
petits fruits qui minimise l’utilisation de fertilisant ou
de pesticide, tel le bleuet; d’une pratique d’exploitation
de la tourbe respectueuses des normes environnementales; de l’assurance
d’une pêche blanche en hiver qui respecte des critères
de respects de la nature; du maintien de la vigilance auprès
des propriétaires de chalets et de la continuation de l’interaction
avec les municipalités et les propriétaires d’usine
de poisson. La sensibilisation de ces intervenants avait pour but
de mettre en perspective l’importance de la qualité de
l’eau et aussi de la propreté des plages du bassin versant
qui attirent le touriste durant les mois d’été.
Enfin, le territoire de Caraquet a toujours été reconnu
pour son dynamisme culturel que ce soit au niveau de la création
artistique et culturel tant local, régional que national et
international, que ce soit au niveau de la mobilisation des évènements
de la fête nationale du 15 août ou encore de son pèlerinage à Ste-Anne,
du Village historique acadien qui relate le mode de vie des acadiens
au XIXè siècle pour ne nommer que ceux-là. En
témoigne également le fait que le village de Caraquet
fut nommé en 2003 par le Ministère du Patrimoine Canadien
La Capital culturel du Canada pour les villes de 50,000 habitants
et moins ce qui est un indice évident de sa vitalité culturelle. Mentionnons que de l’automne 2000 à l’automne
2002 un plan de communication environnementale fut mis en œuvre
afin de bâtir des capacités communautaires pour prendre
la relève. Cependant, des défis sont à relever : i) la stagnation
de la population et le vieillissement de cette population peuvent
engendrer des problèmes et représenter des défis
de taille, ces derniers représentent également des
opportunités très intéressantes. Ainsi, les « baby
boomers » approchent l’âge de la retraite. Or,
il s’agit souvent d’un groupe encore en bonne santé avec
des ressources financières intéressantes. Comment peut-on
davantage les mettre à profit ? Comment maintenir les plus
jeunes populations… ii) le maintien d’un financement
stable pour la poursuite d’activités de sensibilisation,
d’animation environnementale et de d’inclusion des diverses
catégories de population. Trois grands aspects sont à prendre en considération
dans les activités du bassin versant de la baie de Caraquet
et qui restent des enjeux majeurs :
-
comment en arriver à arrimer davantage l’économie
et l’écologie ; ici la réconciliation entre
les impératifs à court terme de l’économie
et de la finance et les cycles lents de l’écologie,
tels la reproduction des espèces et la restauration des
habitats en dangers ou détruits est un enjeu majeur. Des
initiatives furent lancées par le groupe par le groupe
SOS Nature en vue d’arrêter la déforestation.
-
comment favoriser une approche décentralisée
qui permet une plus grande participation et inclusion des citoyens à la
base ; nous sommes confrontés ici à des approches
verticales et hiérarchiques qui freinent l’engagement
et la démocratie participative. Le groupe de développement
durable puis celui de la gestion intégrée du bassin
versant vont dans le sens d’une formation à la gestion
environnementale locale.
-
comment mousser l’éducation environnementale afin
d’intégrer les préoccupations des diverses
générations, les préoccupations d’entraide,
de partage, d’intégrer les savoirs locaux aux savoirs
scientifiques et d’élargir les liens et les contacts
sur le territoires avoisinants. Le club de loisir qui a travaillé à restaurer
les rivières avec la participation des jeunes et des aînés
et un pas en ce sens.
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